n°110 (printemps 2013)
coordonné par Michel Makinsky
Au sommaire :
n°109 (printemps 2013)
Merci, Monsieur Morsi ! l’éditorial d’Antoine Sfeir, directeur de la rédaction
Le président égyptien a réussi à faire passer la nouvelle Constitution, après un référendum qui a réuni moins de la moitié des électeurs égyptiens et qui a récolté 64% des suffrages exprimés. Tel sont les faits. Néanmoins, le chef de l’État égyptien ne sera jamais pharaon : il a divisé le pays en deux, mais il a surtout réussi à unifier une opposition éparse autour d’un slogan ; opposition qui, à défaut d’être laïque, était marquée par la volonté de séculariser la Constitution. Il a également fait connaître à l’intérieur Mohammed el Baradeï, prix Nobel de la paix et ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et surtout redonné espoir à ceux qui avaient déclenché la révolution en Égypte, ces jeunes de moins de trente ans qui se sont réapproprié la rue en entamant l’acte II de la révolution.
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Par Mona Abaza
Mohammad Mahmoud est l’une des rues principales menant à la place Tahrîr. Elle comprend l’entrée arrière de l’AUC (American University in Cairo). Cette rue restera un lieu emblématique pour la révolution, car elle fut le théâtre de quelques-uns des moments les plus violents et les plus dramatiques des mois de novembre, décembre et février derniers, touchant notamment des centaines de manifestants gazés, tués et défigurés par les forces de police égyptiennes. Au cours de ces événements, des policiers armés et des tireurs d’élite entraînés auraient notamment visé (dans certains cas avec succès) les yeux des manifestants. Lire la suite
coordonné par Tewfik Aclimandos et Laure Guirguis
Éditorial d’Antoine Sfeir, directeur de la rédaction
On ne peut exiger d’une révolution qu’elle se fasse du jour au lendemain.
L’Égypte est en cela exemplaire : l’arrivée de Mohammad Morsi à la magistrature suprême montre les difficultés rencontrées au sein d’une société à accepter, après trente ans de silence imposé et d’opinions rentrées, l’expression d’un pluralisme naturel du peuple, qu’il s’affiche dans la majorité ou dans l’opposition. Les manifestations se succèdent pour ou contre, les affrontements aussi. Le chef de l’État issu des Frères musulmans évite désormais les bras de fer, que ce soit à l’intérieur du pays ou à l’extérieur. Il prend langue avec Israël, ce qui le met en porte-à-faux avec sa base. L’armée, à défaut de rentrer dans les rangs, a rejoint les casernes. Le tourisme, l’une des mamelles de l’économie égyptienne, reprend lentement mais sûrement ; mais l’économie va encore mal. Les jeunes initiateurs de cette révolution sont toujours vigilants et tentent, parfois avec succès, de se faire entendre, obligeant le chef de l’État à prendre parfois ses distances vis-à-vis de la confrérie. (…) Lire la suite